De la psychiatrisation des minorités de genre et de sexualité à l’avènement de la thérapie queer. Santé mentale au prisme des expériences de genre et de sexualité

Published in ENS de Lyon, 2018

Résumé. Le but de cet évènement était d’appréhender des situations empiriques dans lesquelles des expériences de genre et de sexualité dérogeant au cadre de l’hétéronormativité, s’articulent à des problématiques de santé mentale.

La perspective sociologique nous invitait d’abord à mettre l’accent sur les conditions structurelles de la survenue d’une souffrance psychologique chez des personnes non cisgenre et/ou concernées par une sexualité minoritaire. Dans quelle mesure la stigmatisation de ces populations peut-elle, de fait, engendrer un mal-être psychique ? Le recueil d’observations de personnes trans, non-binaires et queer permettra une mise en perspective incarnée de ce questionnement. Face à ces témoignages, l’on pourra s’interroger sur la manière dont se positionnent la psychiatrie et la psychanalyse dans leurs formes modernes. Quelles sont les prises en charge envisageables pour celleux placé·e·s en dehors des normes de genre et de sexualité — personnes queer et/ou trans ? Les expériences cliniques d’analystes et d’accompagnant.e.s de personnes queer éclaireront les contours de ces nouvelles formes de suivis.

Ces perspectives thérapeutiques semblent d’autant plus remarquables que les sciences sociales exhument la pathologisation des populations non-cisgenres et/ou à la sexualité déviante. Cette stigmatisation est l’apanage, entre autre, des disciplines psychanalytiques et psychiatriques. L’on interrogeait, à ce titre, les processus d’étiquetage qui affectent les personnes trans et les travailleur.se.s du sexe : à l’aune de quels dispositifs et prismes théoriques la psychiatrie les érige-t-elle en personnes psychiquement malades ? C’est une question que la prise en compte de l’agentivité des personnes étiquetées invite toutefois à coupler à celles des résistances : quels contournements et réappropriations du diagnostic peut-on, à l’inverse, observer au sein des populations pathologisées ? Soucieux.ses de réintroduire un dialogue disciplinaire, nous avons cependant pris le parti d’explorer des usages non-stigmatisants d’une tradition psychanalytique dépouillée de ses schèmes hétéronormés. Etait ainsi proposée une interprétation psychanalytique contemporaine de l’anorexie. Trop souvent rapportée à la surconformité à un idéal féminin elle mettrait en réalité en jeu l’invention d’un au-delà des genres féminin et masculin.

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